Alain Duménil : créateur de cash

Alain Duménil : créateur de cash

15 septembre 2020 0 Par Aline

Alain Duménil est un homme d’affaires discret. Très secret même. Qui connaît aujourd’hui ce Français de 57 ans résidant en Suisse, l’une des plus grosses fortunes de France, sûrement près d’un milliard d’euros ? Sûrement pas les 143 ex-salariés de Stéphane Kélian, laissés pour compte depuis la faillite en août 2005 de leur entreprise. Le milliardaire ne s’est jamais rendu dans la Drôme pour rencontrer les petites mains désormais sans emploi qui fabriquait ses chaussures. Dans cet article, vous allez connaître sur les parcours professionnels de Duménil.

Homme d’affaires réputé, il a géré la société Kélian

Cependant, Duménil est tout sauf un industriel sans foi ni loi, habitué aux coups tordus. Il est avant tout un financier, avec une réputation plutôt flatteuse : l’homme a le pouvoir d’acheter au bas du cycle et de vendre au plus haut quelques années plus tard. Et tout cela sans se faire d’ennemis. Une pratique qu’il appliquait dans la banque et l’immobilier, et qu’il pouvait désormais reproduire dans le luxe. Comment alors expliquer son comportement à Kélian ? « Duménil voulait simplement faire une bonne affaire, estime un ancien proche collaborateur. Il raisonnait avec les employés comme s’il s’agissait d’obligations ou d’immeubles. Ayant très peu d’expérience dans la gestion de grandes entreprises, il n’a tout simplement pas pensé aux familles qu’il avait laissées au bord de la route ».

Bonnes intuitions. La carrière de Duménil s’est déroulée loin du monde industriel. Tout a commencé en 1975 lorsque le jeune AlainDuménil, à peine diplômé d’HEC, a repris la société de courtage bancaire de son père décédé subitement. Transformé en banque, l’établissement Duménil-Leblé va rapidement prospérer. « À l’époque, les marchés financiers ressemblaient au Far West », se souvient un professionnel. Il n’a fallu que quelques intuitions brillantes pour gagner de l’argent. Ce que Duménil a fait en créant une salle des marchés ou en jouant sur les obligations. »Mais une fois sa fortune faite, Duménil ne cherche pas à construire un empire. En 1987, il introduit sa banque en bourse. Puis il se débarrasse de ses parts au profit de l’Italien Carlo de Benedetti. Au début des années 90, il est passé à l’immobilier, alors en pleine crise, et s’est constitué un solide portefeuille de bureaux et de logements dont la valeur a dû depuis multiplier par 2 ou 3.

Alain Duménil : lance dans le luxe

Au début de l’année 2000, nouveau virage : il se lance dans le luxe. Via le groupe Alliance Designers, il achète des marques telles que Jean-Louis Scherrer, Francesco Smalto et Stéphane Kélian. Son idée ? Construire un « groupe de taille intermédiaire » qui « cible les femmes de 40 à 50 ans, négligées par les grands groupes comme Dior ».

Mais contrairement à Bernard Arnault, patron de Dior, l’introverti Duménil n’essaye pas d’être à Paris Match toutes les semaines. Et contrairement à François Pinault, ce collectionneur d’art contemporain se fait discret lorsqu’il agit en mécène. Duménil est propriétaire du Théâtre de Paris et a repris les éditions de Herne. Ce petit éditeur élitiste publiera une section spéciale consacrée au penseur critique de la mondialisation Noam Chomsky. Mais Duménil n’aura pas besoin de le lire. Il sait déjà que le capitalisme profite principalement à quelques-uns. Dont à lui-même.